Des chaussettes, plein de chaussettes !

Avec Les chaussettes de l’archiduchesse et Les chaussettes de Tina

Aujourd’hui j’ai choisi de vous présenter deux albums, non seulement parce qu’ils parlent de chaussettes (je pense que vous l’aurez compris) mais aussi parce que ce sont deux coups de cœur tant pour ma fille que pour moi ! En surtout, parce que ces deux albums abordent, chacun à leur manière, les thèmes de la différence et de la singularité.

 

Les chaussettes de l’archiduchesse

Le titre est déjà évocateur. On pense forcément au célèbre virelangue et c’est bien autour de lui que va se jouer la qualité de la lecture, à haute voix bien entendu ;-).

Le jour de sa naissance, la jeune archiduchesse se vit jeter un mauvais sort par une sorcière. Dès lors, ses pieds furent toujours mouillés. Elle s’en accommodait très bien et courrait, toujours nu-pieds, dans les couloirs du palais. Mais ses parents ne voyaient pas les choses de la sorte. Il fut décidé que celui qui apporterait des chaussettes capables de tenir les pieds de l’archiduchesse au sec serait grassement récompensé.

Désespérée de ne pas pouvoir jouer et sauter dans les flaques, la petite fille n’eut d’autre choix que d’essayer d’innombrables chaussettes, toutes plus loufoques les unes que les autres. Et son père, à chaque fois, de demander "Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches ? archi sèches ?".

Voilà un texte qui amusera beaucoup les enfants. La mienne a rigolé du début à la fin. Les nombreuses rimes et le fameux virelangue font chanter la lecture. C’est très agréable et parfois la langue fourche pour le plus grand plaisir des petits^^.  Et puis, cette fillette au caractère bien affirmé, qui a un défaut et qui s’en accommode (et se bat même pour rester telle qu’elle est), nous donne une belle leçon de vie !

Les illustrations sont aussi gaies que le texte. Elles sont vives, colorées et remplies d’humour. L’accord texte/illustration est parfaitement réalisé. A lire et à relire sans modération.


Les chaussettes de l’archiduchesse
Texte de Isabelle Wlodarczyk
Illustrations de Morgane David
Publié en 2016 par les éditions Kilowatt
Âge : dès 4 ans

Merci aux éditions

Les chaussettes de Tina

Tina est invitée par son amie Lili à une fête des chaussettes. Fantastique ! Comme une de ses chaussettes préférées est trouée, Tina décide de dépareiller sa paire et lui trouve une autre copine. Très fière, elle s’en va à la fête, persuadée que tout le monde admirera ses jolies chaussettes. Mais c’est tout le contraire qui se produit.

Les animaux de la forêt sont tellement étonnés et dérangés par ce mélange de couleurs que chacun y va de sa petite réflexion, pas bien méchante, certes, mais suffisamment appuyée pour que Tina commence à se sentir mal à l’aise. Heureusement Lili viendra soutenir son amie et la mode des chaussettes dépareillées sera bientôt lancée ;-).

Avec des illustrations d’une grande tendresse, Tina Okay vient souffler aux petits que l’originalité et la différence sont autorisées. On retrouve dans ces pages, l’innocence de l’enfant qui se réjouit de chaque nouvelle trouvaille et souhaite la montrer à tout le monde. Le thème de l’amitié est également présent et tient une place rassurante.

Les illustrations aux tonalités pastel sur fond crème sont douces et légères. L’album en lui-même est très soigné avec une couverture en toile particulièrement jolie. 
Ma fille et moi avons beaucoup aimé cet album et elle a passé un long moment à observer une double-page remplie d'enfants, d’animaux et d'un nombre incalculable de chaussettes multicolores !

C'était ma participation n°59 au rendez-vous du mercredi "Chut les enfants lisent" organisé par Yolina sur son blog : Devine qui vient bloguer.

Les chaussettes de Tina
De Okay Tina
Publié en 2016 par les éditions hélium
Âge : dès 3 ans

 
Merci aux éditions

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Célestin rêve

Un album plein d’émotions

L’an dernier, à peu près à cette même période, je découvrais le style d’écriture très poétique d’Isabelle Wlodarczyk avec l’album "Renardot et le souvenir volé". Un coup de cœur indéniable dont je vous ai reparlé il y a peu !

Alors quand j’ai reçu "Célestin rêve", écrit par cette même auteure et publié par Rêves bleus, ligne éditoriale jeunesse des éditions d’Orbestier, forcément j’étais curieuse d’en découvrir le contenu. Et je n’ai pas été déçue ! Voilà encore un petit bijou d’album avec une histoire particulièrement émouvante, un texte mélodieux et riche en vocabulaire accompagné d’illustrations dont les tonalités nous plongent dans une atmosphère singulière.

Célestin est un pantin laissé au clou par son ami Gaspard en période de misère. Posé sur une étagère au milieu d’autres jouets, Célestin se rappelle leurs moments de gloire. Quand les enfants se pressaient pour voir leurs numéros de marionnettiste, quand Gaspard maniait ses ficelles avec dextérité et que le petit pantin riait aux éclats, c’était le bonheur. Mais les enfants se sont lassés et ne sont plus venus et Gaspard a dû se résoudre à déposer Célestin au Mont-de-Piété, lui promettant de revenir le chercher. Une nuit, Célestin décide de prendre en main son destin. Il a trop attendu et choisi de s’en aller. Bien lui en pris, puisque de belles retrouvailles l’attendent dehors.

Isabelle Wlodarczyk nous offre une histoire très émouvante sur les thèmes de la séparation, la solitude, la pauvreté et la force de l’amitié. Les mots sont finement choisis et les rimes se succèdent en toute poésie. C’est un plaisir que de le lire à haute voix. Et c’est vraiment quelque chose que j’aime : j’entends comme une mélodie quand je le raconte à ma fille. Les métaphores sont belles et touchantes ("des cotillons de tendresse" ou "des échardes dans le cœur"). Vous l’aurez compris, c’est un nouveau coup de cœur !

Les illustrations de Toni Demuro sont très réussies. Alternant tonalités chaudes pour les moments de bonheur et tonalités froides pour les moments de solitude, l’album est basé sur un camaïeu de gris et de beiges accompagnées de touches colorées. Les personnages ont des traits attachants.

Il est certain que pour beaucoup, cet album, de part ses personnages, rappellera Pinocchio. Pour ma part, certainement à cause des illustrations finales, j’y ai revu M. Vitalis du dessin-animé "Rémi sans famille". (Et je vois que je ne suis pas la seule puis que dans sa chronique BBB’s mum l’évoque également) Alors oui mon cœur s’est serré, empli de souvenirs. Mais ce sont surtout ces retrouvailles, en toute simplicité et sans rancune, qui m’ont particulièrement émue !

Quant-à ma fille, ce qui l’a interpellée c’est que les enfants ne viennent plus voir les numéros de Gaspard et Célestin. Elle a trouvé cela particulièrement injuste et a eu du mal à comprendre que certaines choses tant aimées puissent, un jour, passer de mode. C’est un album qui l’a émue également, pour d’autres raisons. C’est bien ce qui fait le charme de la lecture, chacun y mêle sa propre sensibilité !

Célestin rêve
Texte de Isabelle Wlodarczyk
Illustrations de Toni Demuro
Publié en 2014 par Rêves Bleus des éditions d’Orbestier
Âge : A partir de 4 ans

Merci aux éditions

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Renardot et le souvenir volé

La mémoire mise à l'honneur

Début octobre, je jouais et gagnais, avec beaucoup de curiosité, l'album "Renardot et le souvenir volé" sur le blog "La littérature jeunesse de Judith et Sophie" tenue par deux bibliothécaires passionnées. Je vous le conseille vivement au passage !
C'est donc avec grand plaisir que nous avons reçu, quelques jours plus tard, ce beau cadeau, venu enrichir la bibliothèque de Ly Lan. Un album superbe au format à l'italienne et à la couverture mate cartonnée, que je trouve d'une grande élégance !

J'avais déjà été séduite par la chronique de Judith et Sophie et j'avoue que l'illustration représentant ce petit renard lové dans un amas de feuilles, assemblées telle une couronne, me plaisait beaucoup.
L'occasion m'a ainsi été donnée de lire un texte d'Isabelle Wlodarczyk et d'admirer les illustrations de Thanh Portal. Et voilà, Mesdames, vous avez une nouvelle fan ! Je dirais même deux, car je l'ai lu à ma fille. Bien qu'il soit un peu long pour son âge, et même si elle a un peu décroché sur la fin, elle a quand même été captivée par l'intrigue et a trouvé les illustrations très jolies.

Trêve de considérations personnelles, rentrons dans le vif du sujet !
Renardot a pour très belle habitude de noter ses souvenirs par de petites phrases très sensorielles, accolées à des polaroïds. Ainsi les numérote-t-il depuis tout petit, ce qui lui permet de remonter le temps et de se replonger, avec nostalgie, dans ses années passées.
Mais un jour, en consultant son livre mémoire, il s'aperçoit que le souvenir n°22 a disparu pour laisser place à une page complètement vierge. Texte et photo... envolés ! Renardot a beau réfléchir, impossible de se remémorer ce souvenir. Il décide donc, à juste titre, de partir à sa recherche. Dans les bois, il croise la chouette, connue pour sa mémoire infaillible, qui pourtant a également perdu un souvenir important. L'alouette, à son tour, se rend compte qu'elle est dans la même situation. Trop de mystère pour notre petit renard qui se doit de découvrir le fin mot de l'histoire au plus vite ! Caché dans sa tanière, oreilles dressées, à l'affût du moindre bruit, Renardot va alors faire une étrange découverte...

Quelle histoire ! Une intrigue rondement menée par Isabelle Wlodarczyk dont l'écriture ressemble à un poème. Ses phrases courtes chantent à la lecture avec leurs rimes fort réussies. Et quelle chute... Sans en dévoiler la fin, il est, ici, question de temps qui passe, de conservation de moments qui doivent l'être, de devoir de mémoire, de bibliothèque et de livres ! Tant de thèmes majeurs qui font que beaucoup d'entre nous (moi la première), agissent comme Renardot et notent dans un cahier les meilleurs souvenirs qu'il ne veulent surtout pas oublier. Car nous le savons bien, notre mémoire est incertaine et parfois capricieuse. Elle ne stocke pas toujours ce qu'il faudrait, et s'encombre souvent de ce que nous aimerions laisser de côté. Après-tout, les livres ne sont-ils pas la mémoire de l'humanité ?

Les illustrations de Thanh Portal, dans un style naïf, sont juste parfaitement adaptées au texte. L'idée des polaroids est très astucieuse avec leur côté désuet et en même temps tellement modernes (ne font-ils pas leur grand retour en ce moment ?). Jouant toujours avec les contrastes de couleurs, avec souvent un fond très sombre qui fait ressortir des animaux aux tons vifs, elle apporte également un soin particulier au cadrage, ce qui rend l'ouvrage tout à fait original. Les expressions des visages sont également très réussies. 

Un album que je vais garder précieusement sous clé, pour que ma fille puisse en saisir toute la subtilité quand elle en aura l'âge.
Merci à Judith et Sophie pour cette superbe découverte.

Renardot et le souvenir volé
Texte de Isabelle Wlodarczyk
Illustrations de Thanh Portal
Publié en 2013 par Les éditions du Caïman
Âge : à partir de 5 ans